Paris, 17 mars 2015
Il vient de se passer beaucoup de choses en peu de temps sur la zone de chalandise des sociétés de gestion. La succession d’événements économiques et financiers depuis l’an 2000 ainsi que le cortège de dispositions réglementaires qui a suivi sont venus perturber la croissance de cette toute jeune industrie. Mais elle ne saurait échapper aujourd’hui à son destin : elle n’en est plus à ses premiers balbutiements, elle vient d’entrer dans une nouvelle phase de développement. Parmi les paradigmes qui ont changé, il y en a un qui a retenu dès l’année dernière notre attention : l’impérieuse nécessité de devoir faire la différence.

En effet, comme dans toute activité économique exercée sur un marché libre, il faut en gestion d’actifs se distinguer de ses concurrents. A cela, une foultitude de bonnes raisons. Finie la douce époque durant laquelle telle filiale de gestion d’un grand groupe bancaire pouvait simplement élever les clients que son réseau lui fournissait. Finie aussi pour les sociétés de gestion entrepreneuriales la mise sur le marché quasi sans effort du énième fonds actions européenne. Et que penser de la fidélité du client mono-maison qui ne remettait jamais en cause la proposition de sa banque privée. Etc., etc.

L’offre est devenue pléthorique, la réglementation a standardisé les produits, et dans une moindre mesure, les comportements, les clients sont devenus volatiles, le salut venant désormais du développement commercial.

Comme aime à le faire mon associé, Patrick Poivre, si l’on prend la peine d’observer ce qui s’est passé dans ces cycles-là dans de plus anciens secteurs industriels, on prend une leçon de marketing. Et de citer l’exemple de l’automobile : « Dès lors que les voitures ont toutes commencé à n’avoir plus que quatre roues, être équipées d’un moteur à essence, et que les autorités publiques ont figé les règles de construction et d‘utilisation, les constructeurs ont dû se lancer dans des efforts impressionnants de différentiation. Ceux-ci ont concerné non plus le seul concept de leurs véhicules (le transport) mais le confort, la sécurité, la performance, la qualité et le design de ceux-ci, d’une part et, d’autre part, leurs outils de travail, leur organisation, leur gouvernance. Et à chacune de ces thématiques correspond une bagarre industrielle que révèlent les montants de leurs investissements et ceux, récurrents de leurs dépenses en marketing requises autant en amont : qui sont mes clients, quelles sont leurs aspirations, etc., qu’en aval : comment leur vendre nos produits !. »

Et donc, à l’instar de ces secteurs industriels plus mûrs, ne serait-il pas temps, pour chacun des acteurs de notre secteur, de se poser la seule et bonne question qu’il convient de se poser aujourd’hui : comment puis-je faire la différence ? Quel écart puis-je introduire et sur quelle dimension de mon projet dois-je le faire pour ne plus être identique, sortir du lot ?

Ce sont ceux qui travailleront ces aspects-là de leur projet et de leur société qui gagneront, nous le savons, et c’est dans ce sens que nous nous adressons aujourd’hui à eux pour les aider à passer à l’action.