Paris, 10 juin 2014
L’externalisation des fonctions back-office crée-t-elle de la valeur au sein des banques privées ? L’enjeu de l’outsourcing ‘métier’ est un sujet qui revient régulièrement sur la table dès lors qu’une profession est mise à mal par la conjonction de divers facteurs exogènes. C’est le cas aujourd’hui de la Banque Privée qui, en sortie de crise, se trouve dans l’obligation de préserver ses marges, son PNB ayant été contracté de façon significative dans une phase de stagnation des actifs sous gestion. Aussi toutes les feuilles de route ont-elles été revues pour poursuivre, a minima, trois objectifs clés : se concentrer sur les marchés rentables, améliorer l’efficience opérationnelle sur toute la chaîne de valeur, minimiser le coût des changements règlementaires. Dès lors, le BPO (Business Process Outsourcing ou externalisation des processus métier en français) ne trouve-il pas légitimement sa place dans les scénarii possibles envisagés par les états-majors qui réfléchissent au devenir de leur plateforme opérationnelle ?

La réponse est loin d’être évidente et la place luxembourgeoise, qui a fait preuve jusqu’à présent d’une résistance tenace au BPO, en est le meilleur exemple. Avec la levée du secret bancaire et l’on-shorisation de la place, la pression des coûts à laquelle s’ajoute celle de la réglementation, les conditions sont supposées enfin réunies pour voir quelques banques locales passer à l’acte. Qu’en est-il de la réalité ?

C’est pour répondre à cette question qu’ODDO Services a invité jeudi dernier à Luxembourg les banques privées locales dans le cadre d’une table ronde intitulée « Le BPO pour les banques privées : mythes et réalités ». Clin d’œil un cil provocateur de la concurrence ou simple hasard du calendrier, ce même jour la Banque Internationale à Luxembourg et l’éditeur suisse de solutions bancaires Avaloq annonçaient leur partenariat stratégique pour devenir à Luxembourg le premier prestataire BPO indépendant dédié aux marchés du Benelux et à la France.

Cet événement ciblé fut ainsi l’opportunité de revenir sur les conditions propices au BPO, les avantages à opter pour une telle solution, mais aussi les freins et résistances systématiquement mis en avant, avant d’aborder le statut du prestataire cible, la conduite du projet et les facteurs clés de sa réussite ; sans oublier la réversibilité d’un tel modèle. Le panel très paneuropéen des orateurs permettant de traiter ces différents sujets à la lumière des pratiques et tendances observées notamment en Suisse et en France, deux places qui ont été largement précurseurs en matière de BPO. D’ailleurs le nombre de petites et moyennes Maisons qui se laissent tenter par le BPO ne cesse de croître en Suisse -  les grosses aussi, me direz-vous, en témoigne l’entité suisse de Deutsche Bank qui a décidé l’an dernier de confier son Back-Office à B-Source, grand spécialiste du BPO, et dont 80 collaborateurs passent actuellement sous la houlette du prestataire suisse -.

Pour autant, on ne saurait passer sous silence les prémices d’une controverse sur cette même place suisse où certains banquiers prennent aujourd’hui la parole pour revendiquer la valeur d’un Back-office internalisé, considérant que leurs pairs qui externalisent leur Back-Office font fausse route et que, précisément, c’est le Back-Office - et non la gestion financière - qui est au cœur de l’activité et du système, notamment, je cite l’un d’eux « quand on entre dans une gestion de fortune fiscalisée »…

Qu’on se le dise, le débat autour du BPO est loin d’être tranché !