Paris, 17 octobre 2014
Confrontées aux enjeux de taille critique et de conformité réglementaire, les sociétés de gestion de portefeuilles (SGP) en général, les sociétés de gestion de portefeuilles entrepreneuriales (SGPE) en particulier, ont porté ces derniers temps leur attention et leurs efforts sur les tiers vendeurs (CIF,TPM) aux dépens des clients finaux. Dans cette combinatoire B2B2C, il est temps de replacer le C que sont les investisseurs privés au cœur de nos préoccupations et de les écouter. Eux aussi ont souffert de la crise et n’oublions pas qu’ils sont les premières victimes d’une fiscalité volatile et toujours plus confiscatoire. Alors cessons de pousser nos produits dans les linéaires et reconnaissons la vertu des textes MIF1 (en 2004) et MIF2 (en 2015) qui nous incitent à prendre le temps d’écouter nos clients et de comprendre leurs projets de vie. La promesse de nos propositions de valeur, qui ne sont pas réductibles aux seuls produits, n’en sera que plus aisée à tenir ; et sa juste rémunération que plus facile à défendre. D’autant plus que, en réaffectant ses responsabilités à chaque acteur de la chaîne de valeur - j’ai nommé les producteurs, les intermédiaires vendeurs et conseillers, les dépositaires et teneurs de compte -, nul doute que ceux qui nous gouvernent accepteront que nous soyons tous rémunérés. Ce qui suppose lisibilité et transparence des contributions et rémunérations respectives et non pas recouvrement - voire cumul - des périmètres et tarification all inclusive.

Pour autant, ne nous voilons pas la face : nous sommes trop nombreux ! Et certains d’entre nous se doivent d’envisager des rapprochements. Ce n’est pas faire injure aux pionniers des SGPE, 1ère génération issue de la loi du 03/08/89, qui connaissent la fin de vie d’un cycle et doivent organiser le passage de relais, ni aux petits acteurs monoproduit qui doivent accepter de n’être désormais que les 5 ou 10% d’une diversification d’un ensemble plus gros. Sans compter toutes ces petites structures qui s’attirent le courroux de l’AMF faute de moyens suffisants engagés dans des outils ou des fonctions support de type compliance ou dépositaire. Ce sont autant de SGPE qui ont l’opportunité aujourd’hui, via des rapprochements judicieux, d’inscrire leur développement dans une culture de services et non de produits et ce faisant, d’assurer la pérennité de leurs activités à des clients qui leur ont fait confiance dès leurs débuts.

Finalement, est-ce que tout ne serait pas, dans nos métiers, une question de distances ? Celles par rapport aux clients en quête de proximité, par rapport aux acteurs de la chaîne de valeur en quête d’alignement d’intérêts et celles par rapport à ses pairs en quête de rapprochement ?

L’adage « peu de beaucoup vaut mieux que beaucoup de peu » devrait permettre à tous de s’unir sur des projets tournés vers nos clients finaux qui sont, depuis trop longtemps, peu intégrés à la gestion de leurs intérêts finaux.