Luxembourg, 1er janvier 2014
Il est habituel, en fin d‘année, de sacrifier à la mode du bilan. Les métiers de gestion d’actifs et les business models qui les intègrent sont entrés dans une période de transformation incontestable autant qu’irrémédiable, en particulier hors de France.

Outre-manche, l’année 2013 consacre ainsi l’irruption de nouvelles dispositions qui visent, pêle-mêle, la fin des fonds monétaires à valeurs constantes, la fin des rétrocessions de commission, les incertitudes concernant l’application des règles « Volcker » à l’industrie des fonds et, en particulier, les conditions relatives à la distribution de fonds UCIT au pays de l’Oncle Sam, MIFID II, etc.

Bonne nouvelle, le réservoir de liquidité susceptible d’être investie n’a jamais été aussi grand. La hausse des marchés boursiers a conduit à un engouement retrouvé des investisseurs pour les hedge funds et les fonds action (+15 milliards d’euros de souscriptions nettes enregistrées au 3ème trimestre par les fonds d’actions européennes) et, contre toute attente, ce sont les gestions dites ‘actives’ qui ont bénéficié de ces volumes.

Et puis, l’émergence de plateformes de négoce de parts de fonds s’est confirmée. Les volumes « sous conseil » ont crû de façon significative, conduisant leurs gérants à exercer une pression accrue sur les commissions de gestion facturées par les asset managers : elles ne sauraient aujourd’hui excéder 50 bps, ce qui laisse augurer dès 2014 une revue à la baisse drastique desdites commissions à laquelle l’Europe continentale ne pourra plus déroger très longtemps encore.

Le monde anglo-saxon a donc entrepris la refonte de son business model, via différents leviers : recherche de la taille et ce faisant d’effets d’échelle par croissance externe, comme en témoigne le rachat de SWIPE par Aberdeen Asset Management - à la réserve près que la taille de certains gérants pose aussi problème, comme le rappelle la ‘une’ récente de « The Economist » à propos de Blackrock -, remise à plat de l’offre ou encore réduction des coûts. Nul besoin d’être prophète pour affirmer que sous l’impulsion d’une réglementation qui évolue rapidement, ce secteur ne trouvera son salut que dans la transformation radicale de son mode opératoire.

Enfin comment clôturer 2013 sans revenir sur la démission de Neil Woodford, gérant à lui seul 33 Mds £ chez Invesco Perpetual et ayant surperformé 2,3 fois le FTSE 100 en 25 ans. Qualifié dans le rapport de John Kay (2012) de « quintescence de cet art négligé de la gestion long terme », il est fait « Commandeur de l’Ordre de l’Empire Britannique » en juin dernier.