Paris, 1er janvier 2014
Voici quelques jours nous étions réunis, dirigeants de banques privées, compagnies d’assurance et sociétés de service informatiques, autour d’une bonne table. A l’issue d’une année à nouveau complexe pour la banque privée, ce moment de détente était aussi l’occasion d’échanger sur les bouleversements profonds et durables qui touchent nos métiers. Ainsi nous passions successivement en revue la stagnation du marché de la clientèle privée, la pression et l’instabilité fiscale, les rendements réduits des placements de taux, les coûts réglementaires et la pression sur les marges, avant d’échanger sur les pistes d’évolutions pour nos métiers. Certainement faudrait-il une nouvelle fois, en fonction de nos tailles respectives, revoir nos modèles d’organisation, notre mix marketing, nos systèmes d’information, nos reporting et nos dispositifs RH. C’est dans ce relatif consensus que l’un d’entre nous interrogeât soudain un dirigeant créateur d’une belle SSII : « et toi, comment vois-tu le métier de la banque privée dans 10 ans ? » lui demanda-t-il.
« C’est assez clair pour moi » répondit-il. Selon lui, Microsoft, Google, Apple ou un autre prestataire vont s’intéresser à ce marché. Ils possèdent tous la capacité à mettre en place très rapidement un logiciel d’agrégation de comptes bancaires. Avec l’accord des clients, ils complèteront leurs données bancaires globales par celles transférées de leurs fichiers PDF fiscaux IR et ISF, mais aussi par des informations quantitatives et qualitatives provenant de leurs réseaux sociaux et fournisseurs en ligne. Les clients n’auront plus alors qu’à renseigner les rares éléments manquants de cette base de données patrimoniale pour la rendre totalement exhaustive. Et ils se verront alors proposer deux catégories de services. Dans un premier temps, l’actualisation permanente et la mise à disposition sur tous types de supports de leur base de données patrimoniales consolidée leur permettant d’obtenir le bon conseil, quand ils le veulent et auprès de qui ils veulent. Dans un second temps, une analyse et un traitement direct de cette base enrichie par ces mêmes sociétés qui seront à même de leur adresser dans les meilleurs délais un flux régulier de conseils à très forte valeur ajoutée, car élaborés par les meilleurs experts tant techniques que comportementaux (et préalablement validés par leur service compliance...).
Si l’on tient cet oracle pour vrai, le visage de la banque privée se trouvera singulièrement modifié dès lors que des acteurs maîtrisant les technologies continueront à bouleverser la relation avec les clients, comme ils l’ont fait dans d’autres secteurs, d’ailleurs !