Paris, 25 mai 2016

S’ils n’en n’avaient pas eu l’occasion auparavant, les gérants d’actifs, les investisseurs institutionnels et les corporates ont eu l’occasion de prendre la mesure de l’impact de certaines mesures MIFid II sur leur modèle d’affaire, en se rendant la semaine dernière au premier Paris Investment Research Forum organisé le 19 mai par l’Agefi, avec le soutien d’ITG et d’AlphaValue.

Sauf à faire partie des quelques gérants, analystes et autres responsables de la recherche particulièrement impliqués dans les arcanes de la réglementation européenne, cet événement tombait à point pour, en une journée, prendre la mesure des changements profonds pour les gérants d’actifs dans la pratique du métier de l’analyse et de la recherche. Rappelons rapidement que le marché de la recherche en Europe pèse quelque 3 milliards d’euros en 2015 dont 50% sont réalisés au Royaume-Uni, la France quant à elle s’approchant du demi-milliard (par comparaison, les Etats-Unis frôlent 10 milliards d’euros). Pour faire court, l’Europe a décidé, dans une logique de transparence désormais chère aux régulateurs, de demander aux entreprises d’investissement de distinguer et tarifer séparément les services de recherche et d’exécution, histoire que la fourniture de recherche en investissement ne tombe pas dans le champ des rétrocessions… et que ladite entreprise soit à même de communiquer à ses clients, entre autres informations, le budget prévu pour cette recherche. Plusieurs solutions existent dorénavant laissant la possibilité aux gérants d’actifs d’intégrer les coûts de cette recherche à son compte d’exploitation (rare, à l’exception notoire de Neil Woodford, au Royaume-Uni), de reverser tout ou partie de ces commissions au fournisseur de recherche de son choix ou d’abonder à un ou plusieurs comptes de frais de recherche, les fameux CSA (Commission Sharing Agreements ou Convention de Commission de Courtage Partagée (CCP)), solution qui semble avoir la préférence des acteurs. Le programme de la journée, structuré autour de six tables rondes, a presque permis de balayer le sujet, puisque la nouvelle réglementation, le pricing de la recherche (l’un des nœuds du problème), le corporate access (considéré comme de la recherche par le régulateur), la diffusion de la recherche, les avantages de la place française, etc., ont été autant d’enjeux abordés par un panel de professionnels.

Un petit regret cependant : que l’impact des technologies et de son cortège de disruptions sur ces sujets n’aient pas été davantage évoqués tant il apparaît évident que les mutations en cours doivent aussi leur existence, au-delà du réglementaire, aux progrès réalisés en matière de traitement de et d’accès à l’information, d’analyse de signaux faibles, d’outils embarquant de l’intelligence artificielle, de plate-formes communautaires, etc. Ce n’était pourtant pas par manque d’acteurs légitimes présents lors de l’événement, tel Alphametry, par exemple, qui veut devenir le Airbnb de l'analyse financière en démocratisant son accès via sa plate-forme en ligne mettant en contact analystes financiers et gérants de fonds. Lancée en novembre 2015 en version béta, la plate-forme accueille déjà près de 300 contributeurs. A suivre donc !

Bravo à l’Agefi en tout cas pour cet événement et espérons que l’édition 2017 consacrera encore plus la créativité et le rôle des FinTech du secteur !